Guillaume Bonnefoi, co-fondateur de MistralGin, le dry gin rosé, & Cuvée Mistral

Lancé en 2018, MistralGin va très bientôt fêter le 3e anniversaire de sa distillation au cœur de la Provence. Histoire commentée du tout premier dry gin rosé de Provence.

Parlez-nous de votre parcours et de ce qui a nourri votre aventure provençale ?

Jeune diplômé d’un master en management des vins et spiritueux, j’ai intégré un groupe leader de vins français (Castel) et ai développé ma carrière sur des fonctions export au sein du groupe. Je me suis d’abord occupé de l’Afrique et du Moyen Orient, puis de l’Europe du Sud et j’ai terminé par m’occuper du marché anglais durant plus de 5 ans.

Cette expérience sur le marché UK fut très enrichissante, car elle m’a rapidement permis de faire un constat simple : les rosés (et encore plus, les rosés de Provence) étaient quasiment inexistants du marché. En effet, l’assortiment de vins au UK était essentiellement composé de vins rouges et blancs de grands pays (les USA ou la Nouvelle Zélande par exemple) et issus de gros domaines viticoles où les vins rosés n’étaient que des productions “annexes” au sein de la production globale. Il n’y avait pas de vraie réflexion sur l ‘approche rosé en tant que telle. Et venant de France, étant amoureux de la Provence, cela me semblait aberrant ! 

Avec mon équipe, nous avons voulu agir et avons monté une pyramide de l’offre avec différents niveaux de prix, différentes appellations, différentes formes de bouteilles… Cette offre intégrait toutes les catégories de rosé de Provence en commençant par les IGP Méditerranée, puis Coteaux Varois, Coteaux d’Aix, Côtes de Provence, Sainte Victoire, Bandol… Cette approche catégorielle a été très bien reçue par tous les acteurs par la différenciation que cela apportait.

Est-ce cela qui vous a donné l’envie de créer une marque, ancrée dans le terroir de la Provence ?  

Ce fût l’un des piliers de notre réflexion en effet. Mais en parallèle, toujours sur le marché anglais nous observions une tendance de fond en termes de consommation : le changement de la consommation féminine des vins blancs Chardonnay vers les Sauvignon, et enfin soit vers les vins rosés, ou vers le gin & tonic. Un grand retour de ce mode de consommation, mais revisité car le gin & tonic ne se dégustait plus dans des tumblers comme il y a 10 ou 20 ans mais dans des verres ballons et agrémentés de “garnish” et de glaçons

Fort de ces deux tendances de fond, avec deux amis, nous nous sommes dit : pourquoi ne pas créer sur le premier dry gin rosé de Provence ? 

J’avais rencontré Distilleries et Domaines de Provence (fabricants de Bardouin, de Absente et de Rinquinquin entre autres), très belle distillerie familiale, implantée depuis plus de 100 ans. Et nous avons bien accroché ensemble dès cette rencontre.Et c’est fort de tout cela qu’en 2018 nous avons lancé MistralGin et allons bientôt fêter le troisième anniversaire de la première distillation qui a eu lieu le 30 avril 2018 ! 

Quelles sont les spécificités de MistralGin ?

Issus de l’univers du vin, pour nous le produit que nous allions lancer devait obligatoirement s’ancrer dans un terroir, une dimension locale. En théorie, on peut réaliser un gin de Provence à partir du moment où l’alambic est en Provence ; peu importe le sourcing des matières premières. Prendre des herbes de Provence, qui poussent localement pour créer notre gin, était une évidence !

Nous écrasons, macérons puis distillons donc les 6 plantes traditionnelles du gin : genièvre, iris, cardamome, coriandre, poivre rose et maniguette. Cela nous donne notre distillat de base. Puis nous réalisons des macérations et distillations séparées de 5 herbes méditerranéennes (thym, basilic, eucalyptus, menthe, fenouil) et d’un agrume (macération de la peau), le pamplemousse, pour le côté rafraîchissant.

On se retrouvait ainsi de là où nous venions, l’univers du vin, avec tout le travail de l’assemblage, non pas de cépages, mais de ces différents distillats de plantes et de fruits. Et tout ce travail d’assemblage a pour objectif de donner un gin qui nous semblait le plus sympa, le plus aromatique et symbolique de la Provence !

Autre point, depuis le départ, nous voulions un gin rosé. Cela n’a pas été chose facile, mais avec la distillerie, nous nous sommes rendus compte que lorsque nous distillions le thym, le distillat sortait de l’alambic légèrement rosé. Nous avons donc utilisé les fleurs de thym que nous utilisons en macération avec le pamplemousse rose. Enfin, il est important de préciser qu’il n’y a donc pas d’arômes ou de sucre ajoutés : MistralGin est véritablement un gin dry et distillé !

Que pensez-vous du développement de la catégorie gin en France ?

L’image du gin en France a mis beaucoup de temps à évoluer. C’est notamment depuis l’essor des tonics premium, avec moins de sucre et plus d’équilibre dans l’amertume, que le marché du gin s’est fortement développé. Et la décroissance de la catégorie vodka premium a également contribué à cette évolution. Je pense que la catégorie gin a plutôt emprunté le chemin de développement des whiskies ou des rhums que celui de la vodka. Aujourd’hui, il y a un effet de collection, les consommateurs découvrent et comparent de nombreuses marques de gin entre elles.

Cette tendance de fond a fait naître des centaines d’initiatives de marques autour du gin. En ne prenant que la Provence par exemple, lorsque nous nous sommes lancés, il n’y avait que le gin Juillet de Maison Ferroni qui était produit en Provence. Fin 2020, nous étions plus d’une vingtaine avec tous des particularités différentes. Et cela construit la catégorie, c’est top ! 

MistralGin, ce n’est pas qu’un gin rosé ?

Après le lancement de MistralGin, nous avons développé, un an plus tard, le gin & tonic Mistral en premix (ready-to-drink). Ce n’est sans doute pas encore pour le marché français, mais de nombreux marchés européens cartonnent avec ce produit.

Mais surtout l’année dernière nous avons lancé Cuvée Mistral, deux vins Côtes de Provence rosé et blanc. Nous ne sommes pas des vins de château et nous l’assumons totalement ! Nous travaillons avec des vignerons que nous visitons tout au long de l’année, nous réalisons nos assemblages avec eux.

Ces assemblages, nous les avons travaillés pour Cuvée Mistral Rosé autour de 5 cépages représentatifs de la Provence en se focalisant notamment sur le Tibouren (entre 15% et 30%) car c’est, selon nous, le cépage phare de la Provence, celui qui apporte des notes épicées et qui ont fait la renommée des plus grands vins de Provence. Mais bien sûr l’assemblage intègre également du Grenache, du Cinsault, du Syrah et du Carignan. Quand à Cuvée Mistral Blanc, nous utilisons une très grande partie de Vermentino mais également de l’Ugni Blanc. Cela donne des vins aromatiques, avec une vraie ligne directrice sur le fruité et la fraîcheur. Nous sommes convaincus qu’il y a un vrai marché pour les blancs de Provence

Quels sont vos projets de développement ?

Nous travaillons au quotidien sur l’innovation : qu’elle soit en termes d’évolution de packaging, pour mieux exprimer nos valeurs et nos points de différenciation, en termes de formats, notre gamme se décline de 5cl, aux formats standards 50cl et 70cl jusqu’à des formats 4.5 litres ou en termes d’extension de gamme.

Trois piliers dirigent nos réflexions autour de l’innovation :

  1. la provenance : la mise en avant du terroir, des personnes derrière les produits, des producteurs, les méthodes authentiques d’élaboration…
  2. le premium : travailler des produits pour lesquels les consommateurs sont prêts à payer quelques euros de plus que les standards de la catégorie pour avoir un produit beau, bon et différent à déguster.
  3. le “rosé” : symbole de l’optimisme, du dynamisme et du fun.
Eclair

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