Robin Chazalon – Du Châteauneuf jusqu’au bout des doigts.

Robin Chazalon, de la Cave de Chaz à Villeneuve lès Avignon, nous parle son parcours et ce qui l’a poussé à ouvrir une cave à 2 pas de Châteauneuf du Pape.

Pouvez vous nous parler un peu de votre histoire et ce qui vous a poussé à ouvrir une cave à vin ? 

J’ai commencé assez tôt à baigner dans le milieu du vin puisque mon père est vigneron et passionné d’œnologie. Dès mes 15 ans j’étais donc avec lui dans les chais, à la vigne, et c’est comme ça que j’ai moi aussi attrapé le virus. 

Avant de me lancer à fond dans l’œnologie, j’ai fait une école de commerce à Montpellier et j’ai décroché un stage chez un grand revendeur de vin dans les Alpilles qui s’est ensuite transformé en alternance puis en CDI.
Durant 4 ans j’ai pu visiter et rencontrer beaucoup de vignerons, ce qui a évidemment développé ma passion et mes connaissances dans le milieu.

J’ai décidé de quitter l’entreprise parce que j’étais à la recherche de plus de contact clients et d’être plus souvent en relation avec les vignerons. C’est donc en avril 2022 que j’ai démissionné avec déjà le projet de lancer ma cave bien en tête, et une ouverture prévue pour juin.
J’ai passé la période de mars à juin à sourcer les vins que je voulais vendre et essayer de récupérer un maximum d’allocation.
J’en ai évidemment profité pour bouger un peu partout en France et rencontrer les vignerons, il fallait bien mener l’utile à l’agréable ! 

Comment s’est passé ce lancement et cette installation ? Comment avez-vous travaillé votre sélection ? 

Alors déjà j’ai du regarder un peu la concurrence déjà existante, et j’ai vu qu’il y avait 2 cavistes bien implantés à Villeneuve lès Avignon, donc il a fallu que je trouve ma place.
J’ai voulu me différencier en proposant une sélection pointue sur « toutes » les régions de France et non pas uniquement en Vallée du Rhône. 

Robin dans sa cave à vin

Les clients peuvent aussi bien trouver des domaines de renom (Hauvette, Vincent Pinard, Charvin, Terrasse d’Elise, Pontet-Canet, Savart, Chidaine, La Vougeraie…)  que de nouvelles pépites (Les Quatre Piliers, Gour de Chaulé, Eymin-Tichoux, domaine des Deux Clés, Monier-Perreol…). La plupart des vins sont en bio, biodynamie ou nature. 

De plus, comme tous les vins présents en boutique sont disponibles également sur le site internet, je pratique des marges inférieures à certains cavistes. Les prix sont donc plus compétitifs. 
Ensuite, j’ai développé les réseaux sociaux notamment Instagram, pour donner envie aux clients de venir à la boutique et partager également les nouveautés et dégustations avec cette communauté.

De plus, étant originaire du coin, et grâce à mon père vigneron,  j’ai pu tisser des relations fortes avec des vignerons emblématiques de la région. Ajoutez à cela le fait que ma compagne, Justine Ferraud, soit vigneronne aux domaines du Pegau et Porte Rouge à Châteauneuf, je ne peux qu’avoir un attrait particulier pour les vins de la vallée du Rhône sud.


Pour débuter j’ai vraiment essayé d’avoir des “beaux vignerons” de la région, comme par exemple Charvin ou Mont-Olivet à Chateauneuf, pour que les clients qui viennent dans ma cave, trouvent des choses qu’ils connaissent. Une fois que j’ai eu leur confiance, j’ai pu les emmener sur des choses moins connues et m’amuser encore plus sur l’assortiment. 

Pour terminer, j’essaye de plus en plus de mettre en avant le vigneron plutôt qu’une appellation, je trouve que ça a plus de sens. Aujourd’hui sur une même appellation on peut avoir un travail de la vigne et une vinification tellement différente d’un produit à un autre que les résultats finaux n’ont rien à voir entre eux.

Vous avez donc lancé votre cave il y a à peu près un an, en pleine période covid, comment se passe pour vous cette année ? 

Robin devant plusieurs bouteilles de Châteaux Rayas à Châteauneuf du Pape

Ça va bien ! Je vais d’ailleurs changer de local dans quelques mois, a à peine 50m de là ou je suis actuellement. Je vais doubler ma surface au sol et surtout passer de 2 places de parking à 12, ce qui est non négligeable pour un commerce.

Pour ce qui est de l’activité, mon mois de février a été étonnamment bon comparé aux echos que j’ai des autres commerces.
Je dois dire que ma clientèle est plutôt sur un segment milieu / haut de gamme, donc moins touchée par l’inflation.
J’ai assez peu de petits prix dans ma cave, mes clients réguliers me demandent généralement des bouteilles entre 20€ et 40€, ce qui commence à être de très jolies bouteilles.

J’ai également mis en place quelques évènements à la cave, à raison de 1 tous les 2 mois à peu près, mais avec le nouveau local je vais essayer de passer à 1 par mois.
Ces soirées pourront être articulées autour de rencontres avec un vigneron, des soirées thématiques (vins d’exceptions, focus sur une appellation…) ou encore des soirées accords mets et vins.

Enfin, il est clair que la mise en place de mon site internet a été d’une grande aide pour booster mon activité. Beaucoup de clients viennent parce qu’ils ont vu en ligne des bouteilles qu’ils connaissaient et qu’ils ont été intrigués.
Même si ça m’a demandé beaucoup de temps au début, et aujourd’hui encore avec la mise à jour des cuvées et de leurs prix, c’est largement rentable.

Même si vous êtes très proche de Chateauneuf du pape et à fortiori des vins du Rhône, quel type de vin préférez-vous ? 

C’est très difficile de répondre à cette question, je dirai surtout que ça dépend des moments. C’est évident que j’ai un faible pour les grands vignerons de la vallée du Rhône comme Emmanuel Reynaud sur Châteauneuf ou Pierre et Jean Gonon à Saint Joseph. Cela est dû au fait que c’est ce que mon père me faisait goûter quand j’étais plus jeune. C’est d’ailleurs, entre autres, en goûtant le Château Rayas que je me suis pris d’amour pour le vin.
Je suis aussi un grand fan des blancs bourguignons qui sont pour moi les plus grands blancs du monde. Mais au quotidien je dirai que ce que je consomme le plus ce sont les blancs de Loire, et plus particulièrement du chenin.
Ce cépage est incroyable et peut se décliner sous des formes complètement différentes. Des grands vignerons comme Chidaine, Lambert ou encore Château de Plaisance arrivent à faire des choses superbes avec.

J’aime aussi beaucoup les vins du Languedoc, plus particulièrement les terrasses du Larzac. J’ai eu un vrai coup de cœur pour les vins de Xavier Braujou (La Terrasse D’Elise) et ses 100% cinsault qui sont extrêmement purs et soyeux.

Votre cave existe maintenant depuis un peu plus d’un an, vous allez changer de local, quelle est la suite des évènements pour vous ? 

3 bouteilles de grands vignerons (Gallety, Comtes Lafon et Grange des pères)

Je veux plus de références haha.

Au début quand je rentrais dans ma cave je trouvais que mes 300 refs étaient déjà pas mal, alors qu’avec mes presque 500 références actuelles je trouve ça trop réduit. Je vise les 700/800 dans un avenir proche. 

J’aimerai aussi beaucoup pouvoir stocker des vins afin de pouvoir les proposer à la vente à maturité.
Je trouve ça un peu dommage de consommer un Châteauneuf 2020 aujourd’hui, évidemment avec un peu d’ouverture ça sera très bon mais on passe à côté de quelque chose en le consommant si tôt.
Certains domaines jouent le jeu et stockent eux-mêmes les vins pendants quelques années, mais tous ne peuvent pas le faire. C’est pour ça que d’ici 6 mois maximum je vais commencer à mettre de côté quelques bouteilles par commande pour pouvoir les proposer plus tard quand les vins seront prêt à boire.

Ce constat est venu du fait qu’avant d’être caviste je suis amateur de vin, et quand je trouvais des millésimes un peu évolués en boutique, je trouvais ça vraiment top.

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Eclair

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