Histoire de LES VINS DE FONTFROIDE
En 479, Sidoine Apollinaire, après un séjour dans la magnifique villa Octavienne, proche de Fontfroide, évoque « ses champs et ses eaux, son vignoble et ses oliveraies », témoignage de l’implantation ancienne de la vigne, lors de la fondation de « Narbo Martius » (Narbonne) en 118 Avant J.C.
Les vignobles du Languedoc, développés par les vétérans des légions romaines ayant reçus des terres dans la Narbonnaise, concurrencent alors fortement ceux de l’Italie, au point que l’administration romaine légifère pour protéger les intérêts de ses propres vignerons.
Haut lieu cistercien, l’Abbaye de Fontfroide exploite dans ses nombreuses « granges » (exploitations agricoles) des vignobles au cœur des Corbières depuis le XIIème siècle, participant alors au renouveau de la viticulture narbonnaise, en sommeil depuis la fin de la Pax Romana.
Le vin est nécessaire à la célébration de l’eucharistie et il est autorisé par la règle de Saint Benoît, qui fixe une limite de consommation individuelle, précise que l’abstention reste … préférable (le vin fait même « apostasier les sages ») mais rajoute aussitôt que le Père Abbé peut en faire distribuer davantage « si les conditions l’exigent » ! Aussi les Cisterciens furent-ils, comme à Clos Vougeot, de grands viticulteurs.
Au XIVème siècle, le vin de Fontfroide, un vin doux (muté à l’alcool) qui peut voyager, à base sans doute de cépages grenache blanc et noir, est servi à Avignon sur la table des Papes, dont celle de Benoît XII, ancien Père Abbé de Fontfroide.
Au XIXème siècle, la communauté cistercienne réinstallée produit à Saint-Julien de Septime, la plus ancienne et la plus proche « grange cistercienne » de Fontfroide, du vin de messe et des vins rouges de grande qualité. Vin qu’elle échange avec d’autres abbayes comme Hautecombe. Ce vin rouge est également vendu partout en France via la « place de négoce » de Narbonne.
Les derniers moines quittent Fontfroide en 1901. Mais l’empreinte de leur travail reste vivace au détour de chaque parcelle de vignes dont le nom, l’orientation, les contours dessinés par des murets en pierres sont inchangés depuis des siècles
Après leur départ, en 1901, les vignes sont laissées peu à peu à l’abandon.
Un lent, patient, coûteux travail de restauration commence en 1986 avec les premières replantations de vignes, sur les mêmes parcelles exploitées autrefois.
Suivent des acquisitions de terres anciennement vendues, d’autres replantations, des investissements conséquents en matériel, en équipement de cave.
Le vignoble s’étend autour de l’Abbaye, replanté comme un jardin pour les visiteurs, comme un écrin pour les bâtiments.
Laure de Chevron Villette, arrière-petite fille des époux Fayet, devenus propriétaires de l’abbaye en 1908, cultive aujourd'hui toujours ces vignes, ces parcelles, animée d’une passion semblable à celle de ses vénérables prédécesseurs.